Musicathèque de Juillet 2015

Publié le 1 juil. 2015

Clé de Sol : La Nomination d'un nouveau patron à la Philharmonie de Berlin


  • De la grande surprise à l’évidence musicale : On n’y avait pas pensé. Choix étonnant, non pas qu’il n’est pas connu, bien au contraire puisqu’il est directeur de l'Opéra d’État de Bavière où il fait des merveilles. Mais Kirill Petrenko est jeune (43 ans), n’avait jusqu’ici dirigé que 3 fois l’orchestre de Berlin en 8 ans et il est aussi connu pour s’occuper plus de musique que de business : Il déteste les enregistrements comme les interviews ; il donne peu de concerts pour se concentrer sur quelques priorités. On croit rêver, on est content de pouvoir rêver.
  • Perfectionniste, inspirant, simple de personnalité, se donne à fond et donne envie de donner le maximum en retour. Les qualificatifs mis en avant par les représentants de l’orchestre sont alléchants mais pourraient s’appliquer à d’autres candidats. Ce qui semble caractériser le choix des musiciens de l’orchestre, ce sont d’abord des considérations musicales plus que politiques : le retour aux œuvres, à un travail sur le son de l’orchestre. Et le choix d’un personnalité à la fois simple et exigeante.

  • L’intelligence collective de l’orchestre : Est-ce un retour à un modèle musical plus traditionnel ? Pas si sûr, tant les précédentes nominations à la tête de l’orchestre ont prouvé une grande intelligence collective de la part des musiciens. Ce système d’autogestion totalement original dans le monde des grands orchestres symphoniques – l’élection du chef par les musiciens – a en effet prouvé sa dynamique : alors qu’il existait des candidats plus en phase avec l‘idée que l’on peut se faire du profil du chef de la plus prestigieuse institution musicale au monde – et fière de l’être – la nomination de Claudio Abbado pour remplacer Herbert von Karajan énonçait une volonté de rajeunir la façon de faire de la musique en s’ouvrant au monde ; puis celle de Simon Rattle affirmait la reconnaissance de la responsabilité sociale de le musique dans la cité et l’importance d’un projet ancrant l’orchestre dans le siècle d’après la réunification.
  • Quel sera le grand dessein de l’ère Petrenko ? Cet homme de patchwork de cultures mitteleuropa – russe, juive, autrichienne, allemande – deviendra-t-il un symbole de la renaissance de Berlin comme capitale culturelle mondiale, à la rencontre entre le Grand Ouest et du Grand Est, entre la tradition la plus raisonnée et de la modernité la plus alternative ? Ou bien ce jeune chef qui a encore des choses à prouver sera-t-il capable de constituer un nouveau duo Orchestre-chef, à l'égal de ceux qui ont marqué l'histoire de la vie symphonique ?

  • Les bonnes raisons de rêver : Puisque l’homme communique peu, attachons-nous surtout à ce qu’il fait. Que voit-on ? (vidéo jointe) : Une direction très engagée mais simple de gestes qui rend la musique compréhensible. Le rêve allemand du « musizieren » : faire de la musique entre pairs ? Une rare interview confirme l’humilité de l’artiste – ce qui ne veut pas dire qu’il n’est que « gentil », on connait déjà l’étendue de son exigence musicale. Et dans les faits, un des rares chefs de notre époque à avoir réussi toute une Tétralogie de Wagner.

  • Il serait naïf de penser que le chef ne sera pas poussé dans ses retranchements tant par l’exercice d’une telle responsabilité que par la rencontre avec ces musiciens que Rattle a qualifiés de « fauves ». Mais l’originalité de ce choix artistique – un vrai cas de Talent Management – comme la goût de l’Orchestre de Berlin pour rentrer dans les projets de ses chefs successifs nous donne très envie de suivre l’aventure. Rendez-vous en 2017.


Clé de Fa : 4 bonnes raisons de vous lancer dans l’écoute de l’Intégrale des symphonies de Chostakovitch


  1. L’été c’est l’occasion de se lancer dans la lecture de romans fleuves, vous savez vous-même que cela fait partie de vos voyages les plus mémorables. Avec les 15 symphonies de Shostakovitch, composées entre 1924 et 1971, vous ne serez pas déçu : ce sommet de l’histoire de l’orchestration, c’est Tolstoï + Soljenitsine + Axionov avec une pointe de Garcia Marquez pour le fantastique et l’humour.
  2. Ce roman du XXème siècle – les immenses espoirs et souffrances du peuple russe portés jusqu’à l’universel par un alter ego de Beethoven – a des tas de choses à offrir à notre XXIème siècle : le goût du jeu collectif en plus de la brillance virtuose des multiples voix individuelles ; une créativité qui fait feu de tous les bois qu’elle récupère ; des stratégies d’adaptation pour composer et se renouveler, quoiqu'il arrive ; un souffle d’humanité dans tout ce qu’elle a d’humain voire de top humain : la beauté poignantes des thèmes, le caractère parfois démesuré des constructions, un retour constant à l’essentiel, la simplicité des sentiments.
  3. Une édition (Arthaus / Temondis) qui, tel un GPS, nous conduit très facilement dans la découverte, étape après étape : des interprètes russes avec du son russe (L’Orchestre du Marinski de Saint Petersbourg et Valery Gergiev) ; des vidéos remarquables qui donnent à voir l’intimité du jeu orchestral tout en relayant le souffle des compositions ; des introductions sous deux formes à toutes les symphonies : le témoignage du chef interprète et des monographies d’autant plus brillantes qu’elles sont très didactiques.
  4. Le bonus de récréations en cours de parcours avec les concertos pour piano, violon et violoncelle par une brochette de solistes comme : Gauthier Capuçon, Daniil Trifonov, Vadim Repim, Denis Matsuev, Mikhail Petrenko...

Clé d’Ut : 5 Perles vocales sur le net


  1. Le Nisi Dominus des Vêpres de la Vierge de Monteverdi par Gabriel Garcia Alacron et la Cappella Mediterranea
  2. Amours siciliennes : La Canzona di Cecilia par.... les mêmes interpètes
  3. Les 2 airs de Fiordiligi de Cosi Fan Tutte de Mozart : Julia Varady à l'Opéra de Paris en 1983
  4. Chant de gorge de mongolie : Khusugtun Batzorig Chinggis khaan
  5. L'Enlèvement au sérail version Bollywood : Mendhi Laga Ke Rakhna du film culte Dilwale Sulhania Le Jayenge

Article publié par Guy Perier, Chef d'orchestre / Team building § Leadrship par la Muique : La Performance Généreuse sur le blog www.team-building-musique.com





Guy Perier

Chef d'orchestre § Orchestrateur de Leadership




Sur des enjeux de leadership ou de cohésion d’équipes, notamment multiculturelles, j’accompagne dirigeants et managers dans un double objectif : des performances individuelles et collectives plus généreuses.

Guy Perier

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